Politiquement,
le sultanat est divisé en un assortiment apparemment aléatoire
de territoires mineurs : des pashaliks, beyliks, deyliks, timars, et le plus
rare émirat ou cheik. En théorie, le sultan est le souverain
incontesté de toutes ces terres, mais en pratique, il doit tolérer
des forces d'opposition parmi ses nobles et au sein de son propre gouvernement.
Ces forces peuvent s'étendre des dirigeants et administrateurs locaux
jusqu'aux ministres du Diwan, et même au grand vizir; mais les plus
insidieuses de toutes sont les intrigues du harem et de ses résidents,
menés par la sultana matrone.
LE DIWAN
Le Diwan est le cabinet ministériel du sultan, composé des
vizirs en chef de chaque ministère gouvernemental. Le sultan nomme
ses membres avec l'aide du grand vizir, qui à leur tour supervisent
les opérations de la bureaucratie de Zeif. Le sultan peut démettre
chacun de ses vizirs à volonté, bien que la plupart des officiels
aient un réseau d'alliés dans la bureaucratie qui peuvent rendre
la vie difficile et dangereuse à leurs remplaçants. Toutefois,
tout acte qui perturbe le bon fonctionnement du gouvernement est considéré
comme une trahison, et le sultan peut faire emprisonner ou exécuter
les coupables.
Le sultan actuel fit exactement ceci au début de son règne
quand il purgea le Ministère du Trésor en exécutant le
vizir et les principaux cadres et vendit leurs familles en esclavage. Bien
que cet acte ne fut pas universellement applaudi, il mit fin aux détournements
massifs des fonds du Trésor, et amena des améliorations remarquables
dans l'efficacité globale de son gouvernement. Bien sur des sultans
excessivement brutaux doivent aussi se méfier de représailles
en retour, surtout si les vizirs coupables peuvent gagner le soutien de la
sultana matrone, ou d'autres alliés à la cour.
LES FORCES MILITAIRES
Les forces militaires de Zeif sont en gros divisées entre la cavalerie,
l'infanterie, et la marine. La cavalerie est dirigée par les officiers
des spahis, les chevaliers du sultan. Les officiers supérieurs, appelés
les spahis aînés, gèrent leurs propres fiefs, appelés
timars, desquels ils doivent tirer des fonds suffisants pour entretenir une
force opérationnelle de guerriers montés. En général,
ils enrôlent les membres de leurs familles comme officiers subalternes,
et embauchent des mercenaires Paynims pour fournir le gros de leurs unités
de cavalerie.
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Un spahi est responsable des actes
de ses mercenaires paynims et doit réparer tout dommage ou perte
qu'il cause aux citoyens de Zeif. Alors que certains chevaliers sont
très consciencieux dans leur devoir, beaucoup ne sont pas opposés
à permettre à leurs mercenaires quelques raids mineurs
à l'encontre des voyageurs (étrangers en particulier)
- pourvu que le spahi reçoive une part généreuse
du butin.
L'infanterie est subdivisée en deux branches
: l'armée régulière et un groupe d'élite
de soldats orcs appelé le Corps Uruzary. L'armée régulière
est sous la juridiction directe du Ministère de la Guerre, qui
veille à la rémunération et à l'affectation
des jeunes officiers dans les différentes compagnies. Fréquemment,
les riches familles achèteront une charge d'officier auprès
du Ministère de la Guerre pour un héritier autrement inemployable;
ce sera ensuite au commandant en chef d'assurer leur formation militaire.
Les officiers les plus brillants apprennent à compter largement
sur leurs hommes de troupe en situation de combat.
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Le Corps Uruzary est une tout autre
matière. Le légendaire sultan Jehef le Splendide fut à
l'origine, il y a huit siècles, de cette fameuse force d'infanterie
d'élite orc, afin d'en faire sa garde personnelle. Les uruzaris
sont encore la terreur des ennemis du sultan, à Zeif comme au
delà des frontières, maniant leurs épées
à deux mains avec une puissance dévastatrice. Le corps
a été renforcé au cours des années et ses
fonctions considérablement étendues, mais ils est toujours
financé directement par le sultan et considéré
comme une partie de sa suite personnelle. Ce n'est qu'à lui que
les uruzaris accordent leur loyauté. Les commandants en chef
du corps uruzary sont toujours choisis par le sultan lui-même
et portent le titre de Aga; les autres officiers du corps sont issus
des rangs. Les uruzaris reputés à la fois pour leur férocité
et leur discipline de fer. |
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La Marine Royale de Zeif est nominalement sous la tutelle du Ministère
de la Guerre, mais un grand amiral appelé le pasha kapudan, qui possède
l'autorité directe sur la marine et ses capitaines, commande en fait
la flotte. Les charges d'officiers de marine sont achetées de la même
manière que dans l'armée régulière, à la
différence qu'un paiement doit être adressé à la
fois au pasha kapudan et au capitaine du vaisseau sur lequel le jeune officier
est assigné. Ces arrangements sont généralement négociés
d'abord avec le capitaine du navire, ce qui lui permet de choisir les meilleurs
candidats.
Les officiers suffisamment expérimentés peuvent être
promus au rang de capitaine de navire, avec le titre de reis, mais un tel
avancement se révèle très onéreux. Une telle promotion
est souvent si chère que le reis potentiel aura besoin du support d'un
ou plusieurs riches bienfaiteurs, desquels il pourra obtenir l'argent. Cela
fait tout naturellement que la loyauté d'un capitaine oscille entre
ses supérieurs et ses sponsors civils, mais typiquement, un reis de
la Marine Royale résoudra ce conflit en accordant sa première
loyauté à lui-même !
LE CLERGE
L'alliance de marchands connues comme le Consortium Mouqollad sert le sultan
en assurant la permanence du flux commercial. Officiellement, c'est un collège
de conseillers auprès du gouvernement sans réelle autorité.
Cependant, le vizir des Poids et Mesures est généralement un
prêtre de Mouqol (comme beaucoup de fonctionnaires du Ministère
du Commerce), et il travaille en étroite collaboration avec ses pairs
du Mouqollad afin de maintenir l'autonomie des places de marché de
Zeif.
Le Mouqollad dirige aussi le commerce international, qu'il soit conduit par
les terres ou par les mers. Le commerce terrestre est du ressort des maîtres
de caravanes, et la plupart des circuits des caravanes sont bien établis
et assignés à des clans de marchands particuliers, toutefois
chaque voyage présente ses propres défis et dangers. De la même
manière, le commerce maritime est du ressort des capitaines de la flotte
marchande. Des marchands locaux peuvent naviguer seuls ou en paires, mais
ceux faisant de plus long voyages se regroupent dans de plus vaste flottilles
pouvant compter jusqu'à une douzaine de vaisseaux. Les candidats à
la direction d'une caravane ou au commandement d'un navire marchand doivent
avoir accompli de nombreuses années de service pour le consortium,
et ils ne seront confirmés qu'après un rigoureux examen par
les Dignes Anciens de Mouqol.
Le Qudah est l'assemblée zéfienne de la Foi Exaltée
d'Al'Akbar. L'objectif du Qudah dans son ensemble est de renforcer et de supporter
les institutions officielles du sultanat, mais beaucoup de ses membres prennent
sur eux de défendre les intérêts des gens du peuple. Bien
qu'il y ait certainement d'autres prêtres de Al'Akbar à Zeif,
seuls les membres du Qudah sont officiellement reconnus par le gouvernement.
Ce groupe diffère aussi des autres bureaucraties de Zeif dans la mesure
où il ne possède aucune tradition de succession héréditaire,
et que pratiquement tous ses membres sont issus de familles d'origines modestes.
Le prêtre principal est appelé le pir qadi, et il a la responsabilité
non enviable de réconcilier les exigences éthiques de la Foi
Exaltée, sous l'autorité du Saint Caliphe, avec les devoirs
imposés à son clergé par les lois et le gouvernement
du sultanat. La nomination d'un prêtre à une fonction civile
ou militaire relève du pouvoir du sultan ou du Diwan, mais en ce qui
concerne les membres du clergé d'Al'Akbar un telle assignation doit
aussi être basée sur une recommandation officielle du pir qadi.
LA TREVE DU SULTAN
Bien que les serviteurs du Calife n'aient jamais cessé leur travail
durant les brèves années du règne d'Ozef, ils ne furent
pas les uniques voix auxquelles le sultan prêtait attention. De nombreux
fonctionnaires mineurs de l'ancien régime avaient rejoint la cause
du Khan Ozef (comme il était alors nommé) pendant ses années
de lutte contre les faux satrapes qui étaient leurs anciens maîtres.
Certains d'entre eux sont parvenus à s'attirer les bonnes grâces
du nouveau sultanat, et ils travaillèrent à diminuer l'influence
des missionnaires d'Ekbir. D'autres anciens conflits commencèrent aussi
à resurgir, que ce soit entre nomades et citadins, entre orcs et humains
ou tout simplement entre des clans locaux et des familles qui redécouvraient
des anciennes rivalités. La réponse de Ozef à cela fut
la Trêve du Sultan. Encore considérée comme la première
loi de Zeif, la Trêve du Sultan déclare que le sultan est la
seule et ultime autorité valide dans le sultanat. Elle dissipe toutes
les autres prétentions et lie le destin de la nation entière
à la volonté du sultan.
En invoquant la première loi de Zeif, Ozef priva de nombreux petits
tyrans locaux du pouvoir et il plaça ses propres serviteurs loyaux
à la tête des villes et villages à travers tout le nouveau
sultanat. Même des gens du peuple pouvait ainsi être nommés
à des postes de responsabilité, ceci étant souvent une
nécessité, car les seuls nobles reconnus dans Zeif étaient
les membres du clan du sultan Ozef, l'Osfaradd. Cependant, les membres de
l'ancienne aristocratie rejoignirent rapidement ce groupe au travers de mariages
et d'adoptions, jusqu'à nos jours, où tout ce qui reste vraiment
du clan du premier sultan est le nom de famille et son dialecte particulier
de baklunien.
De nombreuses autres religions sont représentées à Zeif,
dont certaines comptent de nombreux adorateurs - particulièrement celle
des divinités féminines baklunienne communes. Toutefois, les
activités de ces religions ethniques conservatrices sont plus limitées
dans la société baklunienne moderne, sans doute à cause
du fait que l'influence ecclésiastique prend ses sources plus largement
dans l'aristocratie. (L'exception à cela étant la foi de Geshtaï,
qui est vitale à l'économie agraire et joue un rôle pratique
dans la vie de ses adeptes). L'adoration traditionnelle des éléments
n'est pas rare, mais la plupart de ces religions sont peu organisées.
De même, les cultes des nombreux héros et ancêtres, dont
certains sont parfois importants dans quelques petites communautés,
ne jouent au bout du compte qu'un rôle mineur.